Le Leveraged Buy-Out (LBO) ou achat avec effet de levier est une opération d’acquisition d’une entreprise cible financée en partie par de la dette. Concrètement, un investisseur, souvent un fonds de private equity mais parfois des repreneurs ou l’équipe dirigeante dans le cadre d’un MBO, crée une holding d’acquisition qui rachète la société cible. Le prix n’est pas réglé uniquement en capital : la dette senior, prioritaire et moins coûteuse, et la dette mezzanine, subordonnée et plus rémunérée, parfois assortie de bons de souscription, complètent le financement. Après le closing, les flux de trésorerie de l’entreprise reprise servent au remboursement de la dette et à la rémunération des investisseurs. C’est tout l’effet de levier : en engageant moins de fonds propres, on peut réaliser une acquisition plus ambitieuse, à condition que la performance suive.

Ce montage financier est devenu un classique du buy out en France, car il permet de transmettre une société, d’accélérer un projet de croissance (build-up), d’aligner le management via l’actionnariat et d’imposer une saine discipline de cash (respect des covenants, pilotage de l’EBITDA, maîtrise du BFR). En contrepartie, le levier accroît la sensibilité aux taux d’intérêt et à toute baisse de résultats. D’où l’importance d’un dimensionnement prudent de la dette, d’un business plan réaliste et d’un suivi rigoureux.

Sur cette page, vous découvrez comment se déroule une opération LBO étape par étape — ciblage, valorisation, due diligence, structuration, closing et création de valeur — ainsi que ses avantages et risques, les acteurs clés (banques, prêteurs mezzanine, fonds, dirigeants) et une comparaison avec d’autres formes de financement (crédit classique, augmentation de capital, dette privée). Des repères chiffrés 2025 cadrent les décisions (fiscalité, coûts du crédit, droits d’enregistrement) et des exemples pédagogiques permettent de passer de la théorie à la pratique.

LBO : définition claire et vocabulaire utile

Un LBO est un rachat d’entreprise structuré autour d’un mix capital et dette. L’acheteur, souvent un fonds de private equity aux côtés des dirigeants dans un MBO, apporte des fonds propres pour crédibiliser l’opération et aligner les intérêts. Le solde du prix d’acquisition est financé par de la dette levée au niveau d’une holding qui prend le contrôle de la société cible. Ce levier financier augmente la capacité d’investissement sans immobiliser tout le capital au départ, tout en préservant la flexibilité pour financer la croissance post-buy out.

Dans la pratique, la dette combine généralement une dette senior amortissable, prioritaire et au coût plus faible, et, selon le profil de l’entreprise cible, une couche mezzanine subordonnée, plus rémunérée et parfois assortie d’instruments optionnels. Après le closing, les flux de trésorerie de la société reprise remboursent la dette et paient les intérêts, tandis que la création de valeur — croissance, amélioration des marges, désendettement — rémunère les investisseurs à la sortie. L’effet levier amplifie la performance des fonds propres lorsque l’EBITDA progresse, mais il expose davantage en cas de baisse d’EBITDA ou de hausse des taux.

La société holding, ou NewCo, est la structure qui achète la société cible. La dette senior correspond à la dette privilégiée, moins chère et amortissable. La dette mezzanine est subordonnée, plus chère et parfois associée à des BSA ou warrants. L’equity est l’apport en capital du fonds, des investisseurs, de l’équipe dirigeante dans un Management Buy-Out ou d’un repreneur externe dans un MBI. Les cash-flows servent à rembourser la dette et à rémunérer le capital. L’effet de levier améliore la rentabilité des fonds propres si la croissance et la marge suivent.

Plusieurs variantes existent et se rencontrent fréquemment en France : le Management Buy-Out désigne le rachat par l’équipe dirigeante, le Management Buy-In un rachat par un repreneur externe et l’Owner Buy-Out une cession partielle par le propriétaire qui se refinance via un LBO. On croise aussi les formulations LMBO, BIMBO, LBU, LBI leverage buy, LBO leveraged buy, leverage buy out, lbo leverage buy ou buy out lbo.

Comment se déroule un LBO ? Les 7 étapes clés de l’opération

1) Ciblage et thèse d’investissement

La première étape consiste à sélectionner l’entreprise cible en appréciant sa position concurrentielle, la récurrence de ses revenus, la prévisibilité de ses cash-flows et son potentiel d’amélioration opérationnelle. La thèse d’investissement s’aligne ensuite sur la stratégie de buy-out : croissance organique, build-up par rachats complémentaires et optimisation des capex et opex.

2) Pré-qualification du levier

Il s’agit d’estimer la capacité de dette à partir de ratios prudents comme dette sur EBITDA et d’initier un premier dialogue avec les banques de crédit corporate et les prêteurs mezzanine ou unitranche. L’objectif est de tester la soutenabilité du levier pressenti.

3) Valorisation et lettre d’intention

La valorisation s’appuie sur les multiples d’EBITDA, une approche DCF et les comparables de transactions LBO. La lettre d’intention formalise le prix d’acquisition, le calendrier et les conditions suspensives, posant le cadre des négociations finales.

4) Due diligence financière, juridique, fiscale, sociale, IT et ESG

La due diligence teste la résilience des flux de trésorerie, passe en revue les contrats clés — clients, fournisseurs, bancaires — et sécurise la compliance et les risques. Elle confirme ou ajuste la valorisation et le montage.

5) Structuration du montage financier

La holding d’acquisition porte la dette. Le panier de financement combine dette senior, dette mezzanine et, le cas échéant, PIK, unitranche et capitaux propres du fonds et du management. Un pacte d’associés précise la gouvernance et les instruments — actions ordinaires ou de préférence, BSA.

6) Signing et closing

Le contrat de cession, ou SPA, est signé sous réserve d’autorisations et de la mise à disposition des crédits. Au closing, les fonds sont tirés et les titres transférés, ce qui finalise l’opération.

7) Post-closing et création de valeur

Un plan 100 jours fixe les priorités opérationnelles et les KPI. Le suivi bancaire, le reporting aux investisseurs et le respect des covenants — levier et couverture des intérêts — encadrent la trajectoire de désendettement et de croissance.

Qui sont les acteurs principaux impliqués dans un LBO ?

Le fonds de private equity sponsorise le rachat, pilote la stratégie et apporte du capital. Les banques et prêteurs arrangent la dette senior, parfois l’unitranche, et fixent les covenants. Les prêteurs mezzanine complètent le financement en recherchant un rendement supérieur. L’équipe dirigeante peut réaliser un management buy-out et se motiver via l’actionnariat. Autour d’eux, les conseils M&A, avocats, auditeurs et fiscalistes sécurisent l’opération. Les vendeurs — fondateurs, groupes industriels ou family offices — peuvent accepter un crédit-vendeur, ou vendor loan.

Pourquoi recourir à un LBO ? Les avantages majeurs

Le LBO accélère une acquisition avec moins de capital mobilisé au départ grâce à l’effet levier financier. Il aligne le management dans un MBO ou un LMBO, ce qui renforce l’engagement. La discipline de cash inhérente à la dette pousse à maintenir la rentabilité et la génération de trésorerie. La transmission est plus ordonnée, notamment en OBO, et le cédant diversifie son patrimoine. Une optimisation fiscale est possible, avec des intérêts de dette déductibles sous conditions, en veillant à l’intégration fiscale et à la limitation des charges financières nettes.

Les risques à considérer lors d’une opération LBO

La sous-performance d’EBITDA fragilise immédiatement la structure de cash. La hausse des taux renchérit le crédit et pèse sur les intérêts. Les covenants, s’ils ne sont pas respectés, peuvent entraîner une renégociation ou un défaut. Le risque d’exécution est réel lors d’une intégration, d’un recrutement clé ou d’une transformation digitale. Les risques juridiques et fiscaux existent si la structure est inadaptée, en cas d’abus de droit ou d’intégration fiscale mal calibrée. Enfin, le risque de liquidité pèse lorsque le refinancement ou la sortie — cession secondaire ou IPO — devient difficile.

Le montage financier : dette senior, mezzanine, unitranche, equity

Un panier type reste indicatif et doit s’adapter au dossier. La dette senior amortissable et sécurisée par des sûretés constitue la couche au coût le plus bas, remboursée prioritairement. La dette mezzanine, subordonnée, affiche un taux plus élevé et peut inclure une composante PIK ou des warrants. L’unitranche remplace parfois la combinaison senior et mezzanine, offrant plus de flexibilité contre un coût supérieur. L’equity réunit les apports du fonds et de l’équipe dirigeante et se rémunère à la sortie par un multiple. Des outils complémentaires, comme le crédit-vendeur, l’earn-out ou un hedging taux et change, complètent l’architecture. Une holdco PIK peut capitaliser les intérêts et soulager le flux de trésorerie opérationnel.

Repères chiffrés 2025 utiles en France (fiscalité et financement)

Ces repères n’ont pas vocation à remplacer un business plan, mais à cadrer l’environnement France 2025 d’une opération LBO.

ThèmeRepère 2025À savoir
Impôt sur les sociétés (IS)Taux normal : 25 %Taux réduit 15 % jusqu’à un seuil pour certaines PME, puis 25 % ; se référer aux modalités officielles.
Coût moyen des nouveaux crédits aux entreprises (SNF)3,54 % en avril 2025 (France)Recul par rapport à mars ; toutes tailles d’entreprises concernées selon les statistiques nationales.
Droits d’enregistrement — cession d’actions (SA/SAS non cotées)0,1 % du prixBase légale au CGI ; minimum forfaitaire ; attention aux cas de prépondérance immobilière.
Droits d’enregistrement — cession de parts sociales (SARL, etc.)3 % après abattement de 23 000 €Modalités et formulaires officiels, délai d’un mois en l’absence d’acte constatant la cession.

Source : Ministère de l’Économie et des Finances, Banque de France, CGI.

Comment le LBO se compare-t-il aux autres financements d’entreprise ?

Comparé à un crédit d’investissement classique, le LBO permet un effet levier supérieur et une recomposition de l’actionnariat via une holding, quand le crédit simple finance surtout des capex et laisse la gouvernance inchangée. Face à une augmentation de capital, le LBO dilue moins mais impose le service de la dette, alors que l’augmentation dilue davantage tout en relâchant la pression sur la trésorerie. En financement obligataire ou en dette privée, l’entreprise gagne en flexibilité au prix d’un coût plus élevé ; en LBO, ces briques s’imbriquent et se sécurisent par les cash-flows de la cible. Enfin, l’adossement industriel propose des synergies et un changement de contrôle complet, tandis que le LBO soutient un projet autonome avec des investisseurs financiers et une gouvernance dédiée.

“Checklist” : les questions à se poser avant un LBO

Avant d’engager un buy out, il faut vérifier que le profil de cash-flow de l’entreprise cible est prévisible et résilient. Le levier retenu doit laisser une marge de sécurité testée par des stress-tests. Les covenants bancaires doivent rester soutenables dans un scénario prudent. L’équipe dirigeante doit être pleinement alignée par un management package MBO ou LMBO. Le montage fiscal doit respecter les règles en matière d’intérêts déductibles plafonnés, d’intégration et d’effet levier fiscal. Le plan de création de valeur — croissance, build-up et excellence opérationnelle — doit être concret et la sortie, par cession ou IPO, pensée dès l’entrée.

Exemple simplifié d’opération LBO

Prenons une entreprise cible valorisée 30 M€ pour un EBITDA de 5 M€ avec une marge stable. Le financement, purement indicatif, pourrait réunir 12 M€ d’equity, soit 40 % apportés par le fonds et le management dans un MBO, 12 M€ de dette senior amortissable sur six à sept ans et 6 M€ de dette mezzanine subordonnée partiellement PIK. Avec 12 M€ de capital mobilisé, une acquisition de 30 M€ devient possible. Si l’EBITDA progresse à 6 M€ et que le désendettement suit, la rentabilité des fonds propres est amplifiée ; l’inverse est vrai si l’EBITDA recule. Les points de vigilance portent sur les covenants de levier brut et net, l’ICR, la sensibilité aux taux selon la part variable et la couverture, l’équilibre entre capex de maintien et capex de croissance et la capacité d’intégration en phase de build-up.

LBO et fiscalité : ce qu’il faut comprendre

L’impôt sur les sociétés s’élève à 25 % en 2025, avec un taux réduit de 15 % applicable à une tranche de bénéfices sous conditions pour certaines PME. Les intérêts de dette sont déductibles sous conditions, notamment dans le cadre des plafonds de charges financières nettes et des dispositifs anti-abus. Les droits d’enregistrement s’appliquent à 0,1 % pour les cessions d’actions de SA ou SAS non cotées et à 3 % pour les parts sociales après abattement, avec des formalités spécifiques, notamment via le formulaire dédié lorsqu’il n’existe pas d’acte. En présence d’actifs immobiliers significatifs, les cas de prépondérance immobilière exigent une vigilance particulière dans les cessions buy out.

Cas fréquents : MBO, MBI, OBO… que choisir ?

Le MBO convient lorsque le management connaît bien l’entreprise, souhaite s’associer et accepter le levier. Le MBI réunit un repreneur externe qui apporte compétences et capital et doit rallier les équipes. L’OBO permet au propriétaire de se désendetter, de sécuriser une partie de son patrimoine et de rester au capital pour la phase de création de valeur. Le choix dépend du projet industriel, du profil de risque et des horizons de sortie.

Bonnes pratiques pour sécuriser une opération LBO

La dette se dimensionne sur des cash-flows conservateurs afin de préserver des marges de manœuvre. La diversification des sources — dette senior, mezzanine, unitranche, holding PIK et capitaux propres — renforce la résilience. Les covenants doivent être négociés de manière réaliste et suivis mensuellement. L’équipe dirigeante doit être fortement alignée par des plans d’options ou des actions de préférence. Les formalités relatives aux droits d’enregistrement, aux formulaires et aux délais se préparent en amont, de même que la gouvernance via des pactes et des organes dédiés. Enfin, une stratégie de sortie crédible — cession à un industriel, secondaire LBO ou IPO — s’anticipe dès l’origine.

Où s’insère le LBO dans une stratégie de patrimoine (dirigeant, investisseur) ?

Dans une logique patrimoniale, le LBO peut servir la diversification en transformant une participation non liquide en cash et en réinvestissements lors d’un OBO, ou en conservant une participation minoritaire de croissance. Il facilite la transmission en organisant le relais managérial et en optimisant le calendrier fiscal. Il s’intègre dans une allocation plus large entre private equity — LBO et growth — et placements liquides comme des obligations, des ETF ou des investissements immobiliers neufs patrimoniaux.

Comparatif synthétique des voies de financement

VoieDilutionCoût financierVitesseGouvernanceQuand l’utiliser ?
LBO (buy out lbo)ModéréeMoyen à élevéRapideGouvernance PETransmission, spin-off, accélération
Crédit seulNulleFaible à moyenRapideInchangéeCapex, croissance organique
Augmentation de capitalÉlevéeNulVariableNouveaux actionnairesTransformation lourde, bilan faible
Dette privée / UnitrancheNulleÉlevéRapideCovenants flexiblesCroissance et rachat opportuniste
Adossement industrielForteN/ARapideIntégrée au groupeSynergies et sortie totale

Conclusion

Le LBO est un outil puissant pour reprendre une entreprise ou accélérer un projet. Bien dimensionné, le levier peut booster la rentabilité des investisseurs et de l’équipe dirigeante. Mal calibré, il devient un risque. Un diagnostic sérieux, un montage propre et un plan opérationnel réaliste font la différence entre une belle opération et un contre-exemple.

FAQ – Leveraged Buy-Out (LBO)

Qu’est-ce qu’un LBO et comment se déroule-t-il ?

Un LBO est un rachat d’entreprise financé par un mix capital et dette via une holding. Les étapes sont le ciblage, la pré-qualification du levier, la valorisation et la lettre d’intention, la due diligence, le montage financier, le closing, puis la création de valeur et le désendettement.

Quels sont les principaux avantages d’un LBO ?

L’opération offre un effet levier sur les fonds propres, un alignement du management, une discipline de cash, une accélération des acquisitions en build-up et une transmission maîtrisée dans le cadre d’un OBO.

Quels sont les risques à considérer ?

Les principaux risques tiennent à la sous-performance de l’EBITDA, à la hausse des taux, aux covenants trop tendus, aux risques juridiques et fiscaux et à la liquidité lors de la sortie. Un stress-test prudent est indispensable.

Comment le LBO se compare-t-il à d’autres levées de fonds ?

Par rapport à une augmentation de capital, le LBO dilue moins mais impose un service de la dette. Versus un crédit classique, il change l’actionnariat et peut amplifier la rentabilité des fonds propres.

Qui sont les acteurs d’un LBO ?

On retrouve le fonds de private equity, les banques et prêteurs — dette senior, mezzanine, unitranche — l’équipe dirigeante dans un MBO, les conseils M&A, juridiques et fiscaux, ainsi que les vendeurs, parfois avec un crédit-vendeur.

La fiscalité 2025 change-t-elle la donne ?

Le taux d’IS est de 25 %, avec un taux réduit sous conditions. Les droits d’enregistrement se situent à 0,1 % pour les actions et à 3 % pour les parts sociales après abattement, avec des formalités dédiées à respecter.

Où trouver les formulaires et taux utiles ?

Le formulaire 2759-SD s’utilise pour une cession non constatée par un acte. Les statistiques nationales publient les taux d’emprunt des entreprises. Les sites officiels détaillent les modalités et délais applicables.

Quel niveau de levier est considéré comme prudent dans un LBO ?

Il n’existe pas de seuil universel, car tout dépend de la résilience des cash-flows et du secteur. Un levier est jugé prudent lorsqu’il laisse une marge de sécurité pour absorber un recul d’EBITDA et une hausse des taux, tout en respectant durablement les covenants. Le bon réflexe consiste à tester plusieurs scénarios (base, stress et stress sévère) et à viser un désendettement progressif dès les premiers trimestres.

Comment structurer utilement un earn-out et un crédit-vendeur (vendor loan) ?

L’earn-out complète le prix en fonction de la performance future, ce qui aligne vendeur et acheteur et lisse le risque. Le vendor loan permet au vendeur d’accompagner l’opération via une créance subordonnée, utile pour boucler le financement. Dans les deux cas, il faut définir des indicateurs simples, des seuils de déclenchement clairs, un calendrier précis et des clauses d’ajustement en cas d’événements exceptionnels.

Sources : www.impots.gouv.fr Service-Public (entreprises) – www.service-public.fr Banque de France (statistiques de crédit) www.banque-france.fr Légifrance – CGI art. 726 (droits d’enregistrement) –www.legifrance.gouv.fr

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